par Didier
12 Aoû 2012, 22:12
Petit interlude un peu spécial mais utile, du côté du judaïsme : je suis très séduit, pour ne pas dire plus, par les récentes hypothèses sur l'origine du peuple juif (hypothèses qui vont aller s'affinant et devenir "classiques", j'en suis convaincu), lequel peuple proviendrait selon cette hypothèse d'une scission au sein de la caste sacerdotale égyptienne, à Thèbes (il s'agit bien entendu d’Égypte ancienne !), avec départ ou exil des "minoritaires".
La toile de fond : le monothéisme. Les "exclus", ou les "sécessionnistes", sont ceux qui ont franchi le pas du monothéisme assumé et accompli, et ils vont donner le peuple juif (exode…). Sont restés à Thèbes et en Égypte les "traditionalistes" de l'époque.
Le sujet est là encore passionnant, il faudrait développer, ce n'est pas possible, alors je fais court : depuis son départ la "religion" égyptienne (ou plutôt sa culture) a un fort tropisme pour le monothéisme, malgré un "panthéon" à première vue foisonnant. En vérité, le cœur de la religion égyptienne ancienne, ce n'est pas Ré, Amon Ré, comme on pourrait le croire, mais une divinité bien plus secrète et essentielle : Maat, la "justice" (rappel : la vie après la mort, le jugement après la mort, et j'en passe…). Maat est celle qui, en permanence, maintient l'équilibre délicat et fragile qui fait le monde et qui lui évite de sombrer à tout instant dans le chaos. Tout le rituel égyptien, très précis et complet, tatillon (encore une chose notable…), vise à ne pas créer de trouble à cet ordre, à participer en tout à son maintien, la peur-panique devant le chaos omni-menaçant étant un ressort essentiel de ces "grands anciens", respectés à ce titre par les Grecs eux-mêmes (par ailleurs pas peu fiers de leur "différence"…).
L'ensemble des divinités égyptiennes accompagnent cette vie, et ses cycles (cycle solaire, renaissance, Isis/Osiris, etc.), mais le fond (et la forme politique très centralisée, aboutissant à un pharaon-dieu, forme qui n'est pas exactement despotique au sens "oriental"), est portée par une conception unitaire, et conduit bon an mal an au monothéisme. "L'invention" juive, comme de juste, était largement préparée dans ce contexte très particulier au point qu'il est légitime (chronologiquement, historiquement, voire archéologiquement) de l'en croire issue (les principaux auteurs de cette thèse sont israéliens). Rien de tel chez les dieux grecs, qui ne s'apparentent pas non plus aux diverses facettes d'un simple polythéisme "classique".
Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit. (La Rochefoucauld)