par Didier
11 Aoû 2012, 08:20
Hou la la... Forum-train s'attaque aux sommets hymalayesques de la pensée humaine (disons plutôt ses premiers contreforts) ; ce n'est pas une critique — d'ailleurs j'en suis un peu responsable —, ni de l'ironie facile !
Quelques remarques en passant, très vite, avant d'aller causer à mon cheval (et surtout qu'il fasse trop chaud pour monter) :
- je persisterai à défendre Boileau, cher Tyrphon, car tu le dis bien toi-même « Il faut un investissement intellectuel assez lourd pour entrer dans le raisonnement, et ce n'est pas une histoire de grammaire ou d'orthographe ».
Ergo : ce n'est pas une question de difficulté de langue, c'est une question de connaissance et de difficulté intellectuelle, liée aux domaines abordés ; domaines dont le niveau exige d'autant plus une langue précise et juste... qui vient aisément à qui maîtrise réellement son sujet. Nous revoilà du bon côté : la maîtrise.
- maintenant il peut y avoir aussi des "apparences" de facilité (eh oui, le monde est trompeur, il joue à cache-cache... Cf. Platon et sa caverne...). Et, en espérant ne pas vexer, mais ce sera difficile, je dois dire à Rapide qu'il va un peu vite et prend trop au "pied de la lettre" les éléments de vulgarisation qui courent sur ces sujets en effet fort complexes et abstraits (pour faire court : physique fondamentale et cosmologie), là où d'ailleurs les scientifiques eux-mêmes se prennent volontiers les pieds dans le tapis des mots, métaphores, etc. pour déborder de leur strict domaine "scientifique". "La science ne pense pas", comme dirait encore un autre, et toutes les fois qu'elle y joue, elle se plante. Et réciproquement. Un grand classique.
- Gib, je crois que c'est aussi bien trop "rapide" de traiter "Dieu" de simple superstition. Je le dis avec d'autant plus d'aisance que je ne suis pas croyant, même pas agnostique : athée (si l'on veut, le mot lui-même suppose Dieu en négatif, et cela ne me convient guère). Le phénomène de la religion est consubstantiel à l'homme, non par faiblesse, ignorance ou que sais-je (quel mépris, quel suffisance du simple fait des "triomphes de la technique", dont il y aurait beaucoup à dire), mais comme partie prenante de son émergence même comme humain. C'est un fait antrhopologique, antropomorphique faudrait-il dire, et comme tel il reste actuel, et il restera fondamental... tant qu'il y aura des hommes. Il a à voir avec la mort humaine, une de ses sources est le culte des morts (oui, il y a les éléphants, mais justement...), qui est l'origine même de la "culture" comme je l'ai un peu abordé plus haut, en raison du moment. Nous, "modernes", qui nions toujours plus la mort, tâchons de nous en débarrasser honteusement (l'hôpital...), qui nous abrutissons dans le vertige du toujours "nouveau" (qui n'est que du même vertigineusement répété, de la camelote), du toujours plus, emmenés par une technique qui désormais a asservi jusqu'à la science, laquelle est à sa remorque et non l'inverse, qui n'avons de cesse de tout "remplacer", comme on remplace un objet, y compris les hommes, parce que tout objet en vaut un autre, que nous "objectisons" tout, et marchandisons tout par voie de conséquence (et pas l'inverse), bref : nous autres modernes, bouffis de suffisance stupide avec nos joujoux, nous ferions bien de prendre garde à ne pas nous aveugler par trop, nous ferions bien de regarder avec attention ce qu'une humanité dite "primitive" aurait d'essentiel à nous rappeler — avant que nous cessions tout à fait d'être proprement des "humains". Je ne suis pas contre "le progrès", la science et la technique m'amusent et même me passionnent, sinon je ne serai pas ici. Mais... Il suffit de regarder ce qui se passe, et ce qui nous pend au nez, à court terme désormais.
Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit. (La Rochefoucauld)