François D a écrit:Il y a beaucoup de sujets à aborder sur cette reproduction hors normes. C'est tellement gigantesque que je suis à la fois émerveillé et dubitatif.
- Emerveillé par un dépôt que j'ai "un peu" fréquenté de façon totalement anonyme (parfois à 04h00 du mat' dans une 8100 !!!)
- dubitatif devant la philosophie d'une telle entreprise et du "toujours plus" qui en découle immanquablement. En ce qui me concerne, on est tout-à-fait dans le rêve complètement fou et irréalisable d'un enfant qu'un adulte "un peu fou" parvient à concrétiser. Bref, je me réjouis qu'Olivier ai rejoint notre petite communauté !...
Mes premières questions sont techniques sur cette réalisation.
J'ai lu "12 modules" et j'aimerais bien connaître le découpage retenu : qui en est à l'origine, HUGON ?
L'infrastructure du réseau ?
Les moyens prévus pour l'accès à tel ou tel point pour dépannage, dépoussiérage etc...
Plus tard viendront d'autres questions :
- pourquoi le choix de matériaux "durs" pour les bâtiments (ex fibro-ciment) alors que les voies, les poteaux caténaires ne sont pas en acier évidement mais en laiton,
- la ligne de contact,
- la commande électrique de l'ensemble. En 1974, pas d'informatique mais de l'électromécanique, des relais partout ! idem sur cette maquette ?
etc, etc..
Bonsoir François,
Commençons par la part de rêve et de faisabilité — "Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait" ["They didn't know it was impossible so they did it"], écrivait Mark Twain —, ma philosophie n'est en effet pas la raison mais le rêve tu as raison, rien d'ailleurs de ce qui est raisonnable ne m'intéresse dans la vie... Les projets raisonnables sont comme les femmes vêtues de manière confortable, ce sont rarement les plus excitantes (rire).
Lorsque j'étais adolescent et fréquentait assidûment le Charolais, je l'imaginais déjà reproduit en miniature tu as raison de l'écrire (...), même si à l'époque je l'imaginais plutôt en HO car n'avait pas les moyens d'acheter du 0 [tout ce que je connaissais du zéro tenait dans l'espace, hors d'atteinte pour mes finances d'alors, d'une vitrine chez Clarel], d'ailleurs l'un de mes amis tractionnaire me moquait gentiment en me disant: "toi tu voudrais refaire la gare de Lyon en miniature si on t'écoutais"... Et bien c'est ce que j'ai fait du moins en partie, et en 0; quant à la démesure du projet elle est toute relative car le dépôt ne mesure [que] 9,76m, ce qui est la taille de nombre de dioramas de clubs présentés dans les salons qui nous sont chers.
Je n'imagine pas, en outre, demander aux fabricants des modèles irréprochables au 10ème de millimètre, et mal les apparier entre eux dans des lieux irréalistes et hors de toute logique d'époque...
Lorsque nous achetons un modèle, nous le choisissons en époque III ou IVa comme moi, ou encore en IVb, etc, pourquoi donc ne pas établir une corrélation réaliste entre nos modèles et les dioramas qui les contiennent?
Quant à la taille de la maquette quelle qu'elle soit, elle est induite par le site reproduit; au départ du projet, considérant que faire tourner du 0 tient de la gageure car les rayons des courbes sont quasiment inatteignables, j'avais envisagé, pour présenter mon matériel [essentiellement constitué de machines en 1500 Volts continu] de façon intéressante et réaliste, la rotonde Nord du Charolais, puis je me suis senti trahir le site en n'intégrant pas la rotonde Centre qui lui est si proche, mais comment manoeuvrer sur le gril sans les aiguilles commandées par le PELI le prolongeant, ou comment en sortir sans celles joignant les voies 7 et 9 à la voie 85 dans le sas? Idem pour l'aiguille talonnable-renversable reliant la voie 4 à la voie 77?
S'agissant des dioramas, on peut aussi — je l'ai étudié longuement pour mon propre compte voulant que mes vitrines soient intéressantes et portent au rêve — faire petit et dense.; j'avais en son temps imaginé des micro-dioramas dans des vitrines constitués de quelques aiguilles, TJS ou TJD et une double voie, voire une triple voie dans l'épaisseur de ladite vitrine, avec quelques supports de caténaire, le tout éclairé par les seuls carrés violets ou blancs selon l'heure.
Si l'on se base sur le Charolais, on pourrait par exemple à bon compte n'en reproduire que le sas d'entrée sur 36 cm d'épaisseur environ et 2 mètres et quelques de long en fonction de l'espace dont on dispose, on aurait ainsi là un site réel dans une vitrine, reproduit fidèlement avec ses 4 ou 5 Cv dont 2 sur mats et les autres nains... Tentant non?
Tu vois donc que la démesure n'est pas obligatoire, mais lorsqu'elle est possible pourquoi s'en priver!
Pour répondre à présent à tes questions:
Les 12 modules sont découpés de manière logique qui permet de s'approcher de chaque zone au démontage, selon un schéma propre à Michel Hugon, sachant que le cahier des charges était tout de même de pouvoir faire entrer chacun d'eux dans un volume de 2 m/2 m.
Les poteaux ne sont certes pas en acier mais les machines non plus, il n'est déjà pas mal que tout ce qui est en métal soit en laiton, que tout ce qui est en ciment le soit aussi, et que tout ce qui est en bois bénéficie du même traitement.
La ligne de contact fait 3/10ème et est en laiton tendu par des ressorts, les pantographes ne la frottent que par endroits, dans les zones sensibles de soudure, la pose qui s'est effectuée au gabarit, a été prévue pour qu'ils l'affleurent à 1 ou 2/10ème seulement, ce qui est rigoureusement invisible à l'oeil même en s'en rapprochant, mais en protège néanmoins la solidité dans le temps, tant pour l'archer de panto que pour le fil lui-même.
La maquette comprend elle aussi des relais, même si elle est pilotable numériquement et manuellement; la variante manuelle est importante car on pourra conduire une machine dans le dépôt et en regarder la voie sur un des écrans géants qui seront placés à cet effet au dessus de la maquette [nous en avons fait les essais, c'est confondant de réalisme].
J'espère avoir répondu à tes questions autant que faire se peut, et te souhaite une bonne soirée ainsi qu'à chacun ici qui lira ce post, Olivier
© Photo Michel Hugon pour Olivier Guillot