par clofer
05 Oct 2012, 07:15
Bonjour,
Quels beaux paysages, ils m'emplissent de plénitude, me rendent lyrique, à tel point que je vous propose une petite citation de Lamartine qui me vient par une curieuse association d'idées :
Quand je m’assieds sur les hauteurs de la colline de Tresserves, au pied de ces châtaigniers qui ont senti son cœur battre contre leur écorce, que je regarde ce lac, ces montagnes, ces neiges, ces prairies, ces arbres, ces dents de rocher nager dans une atmosphère chaude qui semble baigner la terre entière dans un parfum liquide et ambré ; quand j’entends frissonner les feuilles, bourdonner les insectes, soupirer les brises, et les vagues du lac se froisser doucement sur leurs bords avec le bruit d’une étoffe de soie qui se déroule pli à pli ; quand je vois l’ombre de celle dont Dieu a fait ma compagne jusqu’à la fin de mes jours se dessiner à côté de moi, sur le sable ou sur l’herbe ; que je sens en moi une plénitude qui ne désire rien avant la mort et une paix que n’agite plus aucun soupir : je crois voir l’âme heureuse de celle qui m’apparut un jour dans ces lieux s’élever étincelante et immortelle de tous les points de cet horizon, remplir d’elle seule ce ciel et ces eaux, luire dans ces splendeurs, s’imbiber dans cet éther, brûler dans ces feux, pénétrer dans ces vagues, respirer dans ces murmures, prier, louer, chanter dans cet hymne de vie qui ruisselle avec ces cascades, de ces glaciers, dans ces lacs, et faire couler sur cette vallée et sur ceux qui s’y souviennent d’elle, comme une bénédiction qu’on voit par les yeux, qu’on entend par l’oreille et qu’on sent dans le cœur.
Alphonse de Lamartine