Ah, je ne suis pas un spécialiste aussi affûté que vous autres sur les mérites comparés de ces divers musiciens, mais vu de ma fenêtre on peut dire deux choses :
1 - La déclaration de Jeff Beck citée plus haut (« Dès que quelqu'un s'avise de chanter il/elle devient immédiatement la vedette, au détriment des autres musiciens quelques qu'il soient. ») ne parle pas en faveur de ce dernier !
En effet, tous les instruments ont pour référent la voix humaine et tendent vers elle – que l’instrumentiste le sache ou non, la voix c’est-à-dire au fond le corps humain en totalité sublimé.
Les divers instruments en traduisent tous une modalité, et s’efforcent de correspondre à ce que la voix porte et apporte premièrement.
La musique c’est d’abord, originellement, le chant : soit le souffle (anima), les vibrations de l’âme et le chant résultant qui exulte ou confie, donne et s’évanouit.
Probable que le chant précède la parole « parlée ».
Il est dès lors normal que la voix « prenne le dessus », comme on disait une « voix de dessus » pour les voix aigües (soprano, etc.), non pas pour supplanter mais pour couronner la musique et sa réussite, avec l’écrin des instruments qui modulent autour et avec elle.
2 - La Mouette soulève – à travers Renaud, hélas … - une autre très vieille opposition : musique et poésie. Qui est la servante de l’autre ?
Toute la musique occidentale oscille entre ces deux pôles, les passages près du point d’équilibre donnant les plus grands chef-d’œuvre, impérissables, inépuisables (exemple : les madrigaux de Monteverdi).
On retrouve (comme par hasard …) un schéma analogue en peinture : le « combat » entre le « designo » florentin (le dessin, la ligne) et le « colorito » vénitien (la couleur) … A ce sujet l’expo actuelle du Louvre est passionnante (essentiellement vénitienne).
Voili voilà, faut bien que je me fasse un petit plaisir solitaire, de temps à autres, non ?