Lorsque l'on oppose, en France, la notion de privé/public à propos des chemins de fer, l'on s'empresse toujours, avec la malhonnêteté intellectuelle caractéristique du postbolchévisme ambient, d'opposer les exemples français, où des cheminots publics, tous fils et filles de grands résistants, mènent au péril de leur vie une mission de service public sans laquelle le pauvre peuple de France en serait encore à piler le manioc, et anglais, où une privatisation sauvage, la mitraillette dans les reins de l'ouvrier ignoblement exploité, aurait totalement ruiné le transport ferroviaire.
Curieusement, on ne parle jamais de l'Allemagne, où la DB privée fonctionne parfaitement; où les trains à grande vitesse sont bien plus confortables qu'ici; où l'information des voyageurs est bien mieux assurée; où les grèves sans motif sont anecdotiques.
Curieusement aussi, on omet toujours de rappeler que lorque Margaret Thatcher privatisa les BR, elle privatisa les ruines qu'avaient laissées 20 années de pouvoir travailliste et que ces ruines étaient dans un tel état de dégradation que les opérateurs privés n'ont pas pu, compte tenu des liquidités dont ils disposaient, remettre le réseau en état.
Mais le débat à propos de la SNCF, à mon opinion, n'est pas un débat privé-public. Privatiser une entreprise ou une structure revient au final à en changer l'actionnaire principal. A la SNCF, ce n'est pas un changement d'actionnaire principal qu'il faut, c'est un changement tout court. De mentalités d'abord, d'approche commerciale ensuite. Cela ne peut avoir lieu que dans le cadre d'un démantèlement total de la structure actuelle et dans la refonte du transport ferré en fonction des besoins régionaux. Il convient d'urgence de remplacer cette pompe à phynance syndicale par des entreprises d'économie mixte, modernes, disposant du personnel nécessaire mais non superflu et, soumises à des cahiers des charges précis, systématiquement remises en concurrence sur appel d'offre à intervalle régulier.