Je ne prète aucune mauvaise intention à Henri Salvador. Je constate simplement que les versions françaises avaient très souvent des paroles anodines au mieux, débiles au pire. Lorsque les paroles originales ne valaient pas mieux, ce n'est pas grave.
Lorsque la chanson a une certaine signification et une certaine qualité, ça me gène plus. Là, j'aurais préféré "Dans la Jungle, paisible jungle, le lion s'endort ce soir", ce qui aurait sonné aussi bien (c'est d'ailleurs les paroles dans "Le Roi Lion"). Mais c'est ma réaction engagée pour la réhabilitation du monde animal.
Il n'est pas question de traduire mot à mot,mais je m'aperçois que les paroles françaises sont plus anodines que celles d'origine dans 90%des cas.
Bon, il faut considérer l'histoire des "versions françaises". Dans les années 50-60, pas question d'entendre de l'anglais à la radio. Et puis des petits malins, passionnés de rock, ont réussi à entendre ce qui se jouait sur les radios libres anglaises. En particulier le futur Frank Alamo, grâce au puissant récepteur que la fortune de papa Grandin lui avait permis d'avoir. Et là, ni une ni deux, ils ont écrit aux maisons de disques tazuniennes, qui leur ont vendu les droits d'adaptation pour une bouchée de pain, ravies que des frenchies s'intéressent à eux. Et ça a été le départ d'une décennie d'adaptations, ou plutôt de mauvaises copies en Français. Et puis, les British et américains ont pris le dessus avec leurs versions originales, et n'ont plus vendu les droits d'adaptation. Frank Alamo a repris la direction de l'usine de son papa et les autres ont cherché d'autres voies. Bien sûr, les paroles de "leurs" chansons (et sans doute celles de la majorité des originaux) n'avaient aucune importance! Il s'agissait de transmettre un genre musical étranger en France et de faire du fric avec.
Mais il y a aussi des chansons dont les paroles valent le coup d'être comprises. Hugues Aufray et Delanoe ont essayé de faire passer l'univers de Dylan, et Graeme Allwright celui de L. Cohen. J'avoue que je trouve le résultat un peu laborieux, et que le mieux est d'essayer de comprendre les paroles anglaises. Internet nous y aide bien en nous fournissant les textes. On a d'ailleurs quelques surprises:
I remember you well in the Chelsea Hotel,
you were talking so brave and so sweet,
giving me head on the unmade bed,
while the limousines wait in the street.Je ne sais pas si le brave Graeme aurait osé traduire ça!
