"Tu resteras dans mon cœur,
Ca, ne t’en fais pas.
Tu sais c’est le genre d’endroit,
Où je mets n’importe quoi."
Daniel Darc, le chanteur de taxi-Girl, avait écrit ces mots dans une chanson assez peu connue, parue en 1983 ou 1984 (je ne sais plus) sur la face B d’un 45t. Pour moi, elle résume mieux que trois tomes de philosohie l’idée que je me fait de certaines vanités des passions humaines.
Daniel Darc vient de mourir à 53 ans, une mort avec qui il copinait sciemment et dangereusement depuis plus de 30 ans, et dont on peut presque s’étonner qu’elle lui ait laissé un tel sursis, preuve que le vie est quand-même quelque chose de fort. Quand un chanteur meurt, beaucoup de gens répètent « c’était la musique de ma jeunesse », comprenant que c’est un petit morceau d’eux qui s’en va. Cette fois c’est mon tour. Oui c’était la musique de mes 20 ans, au même titre que Clash, Cure et Joy Division. Il avait à peu de chose près mon âge, l’âge d’une génération qui était enfant en 1968 et n’a vraiment connu des utopies de cette époque que leurs dérives dans l’impasse, le sordide et l’hypocrisie, l’âge d’une génération qui a vu dans la musique rock la possibilité de changer la vie des individus à défaut de changer la collectivité, l’âge de ceux qui se reconnaissent dans les romans de Michel Houellebecq, entre constat désabusé et volonté de vivre quand-même dans un monde qu’on pressent mauvais et inquiétant.
Adieu Daniel, tu resteras dans mon cœur, quelque part entre mes petits trains, mes souvenirs d’enfance heureuse et ceux de ma jeunesse parfois déboussolée.